Savoir-Faire & Paysages

Novembre 2022 - Mars 2023 à Galleriey Dupon Art

“Dans un petit atelier caché à Kyoto, Mitsue sculpte et peint des masques en bois qui donneront vie aux personnages du théâtre nō, à travers un travail manuel complexe et délicat.

Au cœur d’un volcan explosif à l’Est de Java, cigarette à la bouche, Jumanto les vapeurs toxiques présentes dans ce cratère où il extrait le soufre à coups précis de barre à mine.

De l’autre côté du monde, dans une île péruvienne sur le lac Titicaca, Teodosia et sa famille perpétuent l’art du tissage manuel hérité leurs ancêtres.

Dans cet atelier français du Pays-Basque, c’est aussi la transmission qui prévaut. Charles, sa fille et sa petite-fille, y fabriquent toujours des Makhilas, ces bâtons de marche basques traditionnels fabriqués selon des techniques utilisées depuis plusieurs générations.

Cette myriade d’artisans, artistes et ouvriers du monde entier est mise en lumière comme une collection de savoir-faire humains par le regard sensible et admiratif de Roman Jehanno depuis presque dix ans.

Avec son projet Savoir-Faire, propulsé par le prix Hasselblad Master en 2014, le photographe français a déjà parcouru huit pays et recense aujourd’hui plus de 400 portraits.

Les éclats de rire, les sourires bienveillants et les regards complices que l’on peut voir sur ces photographies sont nés d’échanges sincères, d’humain à humain.

Naturellement curieux, Roman prend le temps de connaître chaque personnage avant de le photographier, en saisissant avec respect et admiration ses singularités.

« Leur lien à tous, c’est cet apprentissage de la main et du cerveau à réaliser une tâche, harassante, exceptionnelle, délicate, passionnée pour certains… mais en dehors de cette caractéristique commune, ils sont tous uniques, et tout à fait fascinants à leur manière. »

À travers ces portraits, Roman cherche l’équilibre entre la personne et son environnement.

C’est dans la continuité de cette investigation qu’il aborde son travail de paysage comme un personnage à part entière. En déconstruisant ces scènes naturelles jusqu’à obtenir des formes et textures abstraites, le photographe entame une recherche de la particularité de chacune d’entre elles, que nous retrouvons ici nommées de leurs coordonnées géographiques exactes.”

VISITE VIRTUELLE

OEUVRES EXPOSÉES

Mitsue Nakamura

2018 • Higashiyama, Kyoto, Japon

Née en 1947, Mitsue Nakamura est une artisane spécialisée dans les masques de nō. Depuis plus de 30 ans Mitsue confectionne patiemment cet accessoire phare du traditionnel théâtre japonais. Ces masques nécessitent une précision extrême du geste, ainsi que de nombreuses heures de travail afin d’exprimer l’essence de l’émotion du personnage qu’ils représentent. Certains des plus célèbres artistes du théâtre nō, tels que Kanze Soke, utilisent ses créations.

SIMON & Florida nene

2015 • Kwazulu natal, Afrique du Sud

Simon et Florida Nene sont les parents de Sakhiseni Nene, un artisan du Kwazulu Natal qui, à l’instar des vannières de sisal, tresse habillement du fil téléphonique multicolore.

Dans cette région, au milieu des anciens champs de bataille où Zoulous, Britanniques et Boers se sont combattus, près de 600 artisans travaillent en utilisant les techniques traditionnelles de vannerie pour créer des paniers en fil de téléphone. Dans les années 70, les agents de sécurité des usines de télécom des alentours ont commencé à tresser les restes de fils abandonnés. Aujourd’hui la coopérative Senzokuhle Wires permet à des centaines de locaux de survivre dans ces régions difficiles : les artisans viennent s’approvisionner en fil à la coopérative, qui leur achète ensuite l’objet terminé. Ainsi certains usent de cette activité comme complément de vie, d’autres en font leur principale source de revenus.

Teodosia Hyatta Quispe

2019 • Taquile, Lac TitiCaca,  Perou

Teodosia Hyatta Quispe, 41 ans, est une tisserande de Taquile. Cette île, qui culmine à 4050 mètres au-dessus du niveau de la mer sur le lac Titicaca, ainsi que son art textile, furent ajoutés au patrimoine mondial de l’Unesco en 2005.

Plus de 2000 personnes peuplent ce village et ses alentours, vivant sous un code moral hérité des Incas : Ama sua, Ama Llulla, Ama qhilla (« ne vole pas, ne mens pas, ne sois pas paresseux »). Les insulaires s’auto-gèrent sans police péruvienne. Chaque année sont désignés des individus responsables des conflits potentiels, afin d’agir comme médiateurs en cas de problème. Les Taquileños sont de véritables maîtres du tricot et du tissage. Il faut plusieurs jours de travail à un tisserand chevronné pour terminer une pièce sur l’un de ces métiers à tisser, hérités eux aussi de l’époque préhispanique.

Charles Bergara

2020 • Larressore, Pays basque, France

Charles est la cinquième génération de sa famille à œuvrer dans cet atelier de makhilas, l’un des derniers en activité aujourd’hui.

Il y perpétue la tradition du bâton de marche basque. Un nombre incroyable de personnalités se sont vu offrir l’une de ses œuvres, de Vincent Cassel au Prince Philip Mountbatten. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Charles a réussi à maintenir l’atelier à flots. Plus tard il est également parvenu à assurer la continuité du savoir-faire familial, en le transmettant à sa fille Nicole, puis à sa petite-fille Liza.

La fabrication d’un makhila nécessite une ribambelle de savoir-faire exceptionnels. Gravure, travail du cuir, travail du bois, culture spécifique des néfliers et vieillissement des bois … chaque makhila implique de longues heures de travail et des années d’apprentissage.

Hidenobu takahashi

2018 • tokyo, Japon

Passionné dès son plus jeune âge par la culture américaine, Hidenobu en retrouve l’essence dans la lumière douce des enseignes en néon. Cette passion le mène à 20 ans à ouvrir les portes de l’atelier d’un maître des néons à Kamata, Tokyo auprès duquel il se forme peu à peu. En 2000, il ouvre son propre atelier et répond depuis à des commandes de tout type sous l’enseigne Smile Neon.

Mario iria

2017 • Reims, France

Responsable des stocks de vins dans l’Œnothèque de Veuve Clicquot, Mario Iria est également en charge du remuage, cette technique qui consiste à faire tourner quotidiennement la bouteille à droite un jour et à gauche le lendemain, puis à la relever pour entraîner le dépôt dans le goulot au contact de la capsule. C’est Madame Clicquot qui a inventé la table de remuage en 1816, une invention révolutionnaire qui a fait du Champagne ce qu’il est à nos jours.

Jumanto

2016 • KAWAH Ijen, Java, Indonésie

Né en 1967, Jumanto est l’un des 300 travailleurs du cratère du Kawah Ijen, dans l’Est de Java. Il y récolte le minerai d’une solfatare sur un rythme effréné de deux semaines de labeur suivies de deux semaines de repos.

Le soufre récupéré à la barre à mine est ensuite remonté à dos d’homme au sommet du volcan, puis apporté à l’usine.

Ce travail de forçat est rémunéré de 8 à 10 dollars par jour, piètre récompense à nos yeux mais qui correspond à un salaire trois fois plus élevé que la moyenne régionale de 3 dollars pour les cueilleurs de café.

On estime leur espérance de vie réduite à une quarantaine d’années.

I made Ada

2016 • Pakudui, Bali, Indonésie

I Made Ada est un sculpteur traditionnel renommé basé à Pakudui, son village natal, proche de Ubud à Bali.

Troisième génération d’une famille de maîtres sculpteurs, il travaille et enseigne cet art dans son atelier-musée. Il est reconnu pour la richesse des détails de son travail, en particulier pour ses Garudas et panneaux tri-dimensionnels. Son travail est exposé partout dans le monde et a attiré dans son atelier plusieurs personnalités telles que Nancy et Ronald Regan.

La sculpture derrière lui représente sa famille. On y découvre sa mère dans l’arrière-plan, son père sculpteur au travail, et la fratrie tout autour de l’œuvre paternelle.

Maras, Perou, 2019

13° 18’ 11,418’’ S

72° 9’ 15,77’’ O

Glacier de Nigardsbreen, Norvège, 2014

61° 40 38,301’’ N

7° 12’ 25.178’’ E

Lanzarote, Îles Canaries, 2021

28° 55’ 32,778’’ N

13° 27’ 34,338’’ O

canyon, Bali 2019

8° 36’ 30,498’’ S

115° 17’ 22,248’’ E